Si loin de la lumière, si proche de la nuit
Le regard s’absente, oublie les idoles,
S’assoit à la pointe du visible.
Loin de tout, la limite se donne
Devient cœur de la rencontre.
Ces terres invisibles
Prises dans les bras de l’opaque,
Comment peuvent-elles faire un pays,
Comment peuvent-elles faire foyer ?
Pluie
Toi, nature du vaste,
Aide-moi à trouver la trace du cœur.
Désaltère les veines asséchées par la distance,
Convoque les hautes instances
Pour qu’une main amicale m’attende.
Si proche du sourire
Porté par la confiance de la gratuité,
Je me donne à l’avènement du mystère.
Dire au plus près du souffle
Inviter le courant du grand
Amadouer la petitesse de la volonté
Afin que le silence nous consacre.
Parler à l’envers du prendre,
Se rendre au pays du partage
Là où l’ami ne cesse d’œuvrer
Sans attendre des louanges.
Parler dans le sillage de l’honneur
Par delà le temps qui ne cherche plus d’ailleurs.
Celui, celle qui grandit dans l’écoute
Amplifie le don
Pour qu’un monde s’ouvre
Encore une fois.
Une possibilité d’être…
Pour toi l’ami, la pensée jaillit
De l’encombrement des veines.
Pour toi l’auditeur, l’intelligence
Se fête et honore la présence.
Nous grandissons grâce aux liens
Du regard multiple…
Par delà l’orgueil et la suffisance
Nous nous déposons sur le rivage
De la courageuse humilité.
Entouré des fabuleux destins
J’accède à la résonance du cœur.
Loin de la peur,
proche de l’effacement,
Mes mots
s’articulent au-delà de l’audible.
Nous savons,
Lorsque la montre ne montre plus,
Nous asseoir dans la suspension.
Nous le savons, loin de la solitude
Dans l’appartenance de l’espace familier.
Nous savons,
Car le grand s’approche
Met genoux à terre
Prend attache à la terre
Pour porter les ailes, loin dans les airs.
Ainsi voguons-nous,
Sur les mers qui exigent
L’excellence du marin.
Un pays devient nôtre.
Un foyer se donne à la main qui accueille.
Une présence dit oui dans le mouvement
Se conquiert grâce à la vaillance.
Nous regarde avec les yeux géniteurs ;
Ce que
toujours
appelle.
Nikos Précas